Dans le cadre de la réforme de la justice et en tant que commissaire aux lois, je me suis rendue une première fois à la Maison d’Arrêt d’Angers. J’étais accompagnée pendant ma visite de la directrice de la maison d'arrêt, Delphine Cloarec et du directeur du Service pénitentiaire d'insertion et de probation (SPIP), Stéphan Feuillard.
La prison d’Angers a ouvert en 1856. Depuis 1997, elle est inscrite aux Monuments Historiques, pour ses parties intérieures : les quatre bâtiments en croix (les trois grandes ailes et la petite aile du bâtiment administratif), et la rotonde monumentale au centre. La partie préservée ne pouvant être modifiée, la Maison d’Arrêt doit à terme faire l’objet d’une délocalisation, prévue à Trélazé pour 2023.
La capacité d’accueil est de 245 détenus, celle-ci étant régulièrement dépassée pour atteindre 400 avec un taux d’occupation de 163.26%. La dégradation dans le temps des locaux et la surpopulation carcérale ne font que générer des difficultés de surveillance des détenus et des problèmes de sécurité pour eux comme pour les personnels pénitentiaires.
Des agressions entre détenus, entre détenus et surveillants et des suicides se sont déjà produits à plusieurs reprises dans l’établissement.
Ces difficultés ont entrainé une nouvelle mobilisation des surveillants de prison. A cette occasion, j’ai pu rencontrer les représentants syndicaux de la Maison d’Arrêt : ils réclamaient de meilleures conditions de travail pour assurer plus de sécurité, pour cela ils demandent l’octroi de plus de moyens matériels et humains. Pendant 1h30, j’ai ainsi pu entendre leurs revendications : l’un de leurs gros soucis, outre le manque de moyens, c’est le manque d’attractivité de leur métier.
Par la suite, j’ai adressé un courrier à Madame Nicole Belloubet, Ministre de la Justice et Garde des Sceaux, lui explicitant le contenu de nos échanges. Les syndicats souhaitent ainsi une augmentation des effectifs, tout en constatant des postes non-occupés à ce jour, faute d’attractivité de leur métier, une augmentation de la prime de sujétion spéciale, des moyens techniques pour se défendre en cas d’agression (seul un sifflet à l’heure actuelle), le placement des détenus radicalisés ou fichés S de façon sectorisée et cloisonnée, la formation continue des personnels pour se préparer à des prises en charge nouvelles et difficiles des détenus, une surveillance médicale tous les deux ans et l’abrogation de l’article 57 pour permettre à nouveau les fouilles à l’issue des parloirs.
Ils défendent ainsi leur métier fait de savoir-faire, de proximité, de connaissances, d’échanges avec les détenus de plus en plus difficiles, pour lesquels ils souhaitent l’accompagnement, l’aide à l’insertion et la complémentarité avec l’équipe médicale.
Ils souhaitent aussi, dans le cadre de la construction de la nouvelle Maison d’Arrêt à Trélazé, participer et donner leur avis sur l’architecture, l’organisation, l’agencement afin d’être plus performants ainsi que se former en vue de l’accueil potentiel de personnes radicalisées.